L'étonnante histoire de ce peuple : les  Kunas

Ces infos proviennent du Petit Futé ... je sais, vous pourriez aller le lire en librairie ou l'acheter, mais maintenant qu'il fait partie du site, ce serait dommage ! et là, il a toute sa place puisque c'est ici que se trouvent vos valeureux navigateurs.


Bonne lecture si le coeur vous en dit, sinon, retour à la vie de vos marins préférés à l'aide du lien en fin de chapitre.
Cliquez pour agrandir l'image


Kuna Yala ou San Blas : c'est le premier territoire autonome (comarca) amérindien des Amériques : une bande de terre de 200 km de long sur 15 km de large sur la cote caribéenne, associée à un archipel coralien d'environ 365 îles (probablement 378) dont une quarantaine sont habitées.

Le rêve se réalise enfin pour le visiteur qui souhaite enrichir son voyage d'un séjour dans un paysage idyllique dont la beauté alimente bon nombre de fantasmes occidentaux.
Au-delà de cette vision paradisiaque, c'est en se penchant sur les coutumes et traditions des Kunas eux-mêmes que l'on pourra véritablement découvrir les richesses de ce peuple surprenant.
Histoire


II existe de nombreuses histoires sur l'origine des Kunas et leur arrivée progressive sur la cote panaméenne.
On se demande encore si les indigènes rencontres par les conquistadores dans le Darien, au début du XVI siècle, étaient les ancêtres des Kunas.
Si l'on en croit la version d'une grande partie de la communauté, le peuple tule (c'est ainsi qu'il se nomme) serait originaire de la Sierra Nevada de Santa Marta, au nord de Ia Colombie, une région qu'il aurait progressivement quittée pour se réfugier dans les montagnes du Darien, sur les flancs du mont Tacarcuna.


Selon l'anthropologue James Howe, qui s'est longuement intéresse à ce peuple, il est possible qu'une population de langue kuna (ou tulekaya) ait réside dans le Darien et le
long du golfe d'Uraba (l'actuelle Colombie)

I 'arrivée des premiers explorateurs espagnols, leur actuelle concentration dans l'archipel des Mulatas ou de San Blas ne résulterait donc pas uniquement d'une migration spontanée vers les îles au milieu du XIX siècle.
Elle aurait  été provoquée par les menaces successivement émanant des conquistadors, pirates et autres groupes indigènes rivaux, dont les chocoes.
Conscient de ses spécificités, le peuple kuna a  toujours veille au cours des siècles à préserver son identité et ses valeurs, à assurer la transmission de sa culture et à la protéger des influences extérieures, tant des autres peuples amérindiens que des hommes blancs (les waga).

Le XX siecle, qui débute avec l'indépendance du pays, va apporter de profonds changements dans les rapports entre autorités kunas et panaméennes.

A partir de 1915, la jeune République doit faire sentir son autorité dans les régions isolées pour y affirmer sa souveraineté.
Pour ce faire, les autorités décident d'établir un poste de police sur l'ile de Porvenir.
La situation se détériore rapidement : les abus répétés des policiers, associés à ceux des investisseurs étrangers venus exploiter le caret (écaille de tortue), le caoutchouc ou encore I'ivoire végétal ne font qu'envenimer les rapports, provoquant peu à peu un climat de tension qui atteint son paroxysme un dimanche de carnaval, le 22 février 1925.

Cliquez pour agrandir l'image
Cliquez pour agrandir l'image
Cependant, avec l'appui persuasif des Etats-Unis, les Kunas réussissent à éviter la riposte armée du gouvernement panaméen.

Le soulèvement, appelé « Révolution tule », aura pour résultat la signature avec le gouvernement d'un premier accord garantissant aux Kunas la connaissance d'une autonomie culturelle et politique.

Mais de nouveaux conflits ne tardent pas à éclater et ce n'est qu'au terme plusieurs étapes d'un processus de négociation initiée en 1938, que le statut d'autonomie territoriale sera finalement accorde au peuple kuna.


Lors du dernier recensement datant de l'an 2000, ce territoire d'une superficie de
2.393 km2 était peuplé de 32 446 personnes, reparties en communautés.

On l'estime aujourd'hui il près de 38 000 habitants.

Les îles proches des côtes sont en général peuplées, ce qui entraîne parfois des problèmes d'assainissement et de recyclage des déchets.
Cliquez pour agrandir l'image

poubelles souvent en plein air et encore plus souvent virées directement à la mer. 
Les charmant cabanons en tôle rouillée sont en fait les salles de bains et toilettes sur pilotis des villages Kunas ... baignade déconseillée sous le vent des des îles habités
Cliquez pour agrandir l'image




Les îles plus lointaines ne sont habitées que par quelques familles dont la présence a pour but d'empêcher le vol de noix de coco, également appelées ogob.

Les noix de coco ont longtemps constitue l'une des principales sources de revenus de la communauté (70 % en 1967), et de nombreuses îles et zones côtières pratiquent toujours la monoculture.

Aujourd'hui encore, la coco, dont le prix unitaire est d'environ 0,20 $, est utilisée comme  monnaie d'échange avec les marins colombiens, au même titre que la mola, pour troquer contre des produits de première nécessité, hamacs, fil à coudre, etc.

Nombreux à naviguer dans les eaux de la comarca, ces marins offrent une solution pratique aux problèmes de ravitaillement. Car les quelques épiceries flottantes qui existent n'acceptent malheureusement ni crédit ni troc, tout comme les bateaux panaméens venant de Colon vendre leurs marchandises.

Bien qu'une partie de la population ait choisi de s'exiler en ville pour trouver du travail, les kunas restent traditionnellement proches et respectueux de la nature.
Toute leur production est centrée sur la relation avec la Terre-Mère (Napguana).

L'arbre en est l'un des éléments principaux. Il ne doit pas être coupé sans raison car c'est à travers lui que se transmet la vie.

Tout comme la nuit, le soleil, la pluie, les animaux,  la flore, la lune et la rivière, la terre est l'oeuvre de Baba (ou Bab Dummat : le Grand-Père (Le Père Créateur).
Cliquez pour agrandir l'image


                                        molas à gauche et coco...
Cliquez pour agrandir l'image
Cliquez pour agrandir l'image



L'agriculture dans la comarca est très différente de celle pratiquée dans le reste du pays. Sur cette terre protégée de l'extérieur par la forêt, l'élevage n'est pas pratique et les parcelles sont  délimitées par les cours d'eau ou les arbres fruitiers (manguiers ... ).

Nombreux ceux qui se rendent encore sur la terre ferme (el monte) pour y cultiver yuca, plantains, bananes, cannes à sucre, ananas ou autres fruits, et alimenter ainsi leurs foyers dans les îles.


Si la propriété existe sous différentes formes (terre familiale, terre communautaire, terre prêtée…) il est impossible à quiconque n'est pas kuna d'être propriétaire terrien dans l'enceinte de La comarca.
Tourisme "sous contrôle"


Contrairement il ce qui se passe dans les paradis touristiques classiques des iles des caraïbes, les Kuna se chargent eux-mêmes de gérer totalement leur patrimoine naturel et culturel selon  leurs propres lois.
Ainsi les étrangers n'ont aucun droit sur le contrôle des terres et des ressources naturelles de Ia comarca.
Les décisions kunas prévalent sur les intérêts extérieurs, que ce soit ceux de l'état panaméen ou d'entreprises privées nationales et internationales.


Une gestion difficile ...


Comment concilier développement touristique, accueil et amélioration de l'économie, tout en préservant l'environ et les communautés locales ?

Que penser, entre novembre et février, des paquebots de croisière dont les milliers de
passagers envahissent pour quelques heures certaines îles, sans que personne ne soit
vraiment préparé au choc culturel de la rencontre ?


Hormis ce tourisme de masse, les différentes formules d'hébergement proposées et dans la tradition locale permettent de profiter d'un grand choix d'activités : découverte de la culture locale et de l'artisanat, promenades en mer, visites des îles de l'archipel, farniente dans un hamac, plongée avec masque et tuba, pêche traditionnelle, etc.


Voilà en quelques mots un résumé succinct de cet étonnant peuple qui arrive aujourd'hui encore à préserver son territoire de façon fantastique. Ici, les rivages sont
exempts de toute construction, pas de building, d'hôtel "usine à touristes", rien, la nature à l'état pure hormis dans les îles habitées...  


En cliquant sur ce lien, vous retournez au chapitre général sur les San Blas.
Les San Blas ...


Mise à jour le 27 octobre 2017
Québec - Canada
Texte & photos du moussaillon, plus quelques-unes chipées aux copains.
Avec l'aide précieuse de divers guides de voyage et d'Internet
Site réalisé avec le programme Toweb