Portrait de la pieuvre
Il y a environ 500 millions d'années, la pieuvre était un mollusque à coquille. On pense que c'est pour mieux fuir les prédateurs qu'elle a peu à peu abandonné sa lourde coquille. La famille des Octopodidae regroupe 23 genres et environ 197 espèces.
Le genre Octopus est le plus répandu avec environ 115 espèces. De l'obscurité des grands fonds à la chaleur des mers tropicales, les pieuvres se sont adaptées à des biotopes très diversifiés. Elles ont réussi à coloniser l'ensemble des fonds marins.
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Son corps est mou. By Ryan Wick
Le corps de la pieuvre est mou. Octopus vulgaris, la pieuvre commune ou poulpe, du mot grec " polupous " (pied multiple) ne conserve en guise de squelette que deux petits bâtonnets allongés situés dans son enveloppe externe, le manteau.
Grâce à ce corps mou, elle peut fuir avec plus d'agilité et se dissimuler dans des trous. D'ailleurs, non seulement, elle peut s'enfouir mais elle est aussi capable de reboucher le trou avec un petit caillou.
Ses mensurations bien qu'impressionnantes sont loin d'être aussi gigantesques que les récits des marins le laissaient supposer.
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| Elle est sourde et muette.
La pieuvre est sourde et muette. Par contre, sa vue est excellente et elle dispose de papilles gustatives jusque sous les ventouses de ses bras.
La pieuvre ne discerne pas les couleurs mais accommode bien sa vue aux variations de distance et de luminosité.
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Elle a une excellente vue qui lui permet de repérer ses proies dans les eaux sombres.
Les ventouses sont constituées d'une chambre adhésive entourée d'un anneau strié. Chaque bras porte 240 ventouses qui peuvent être articulées une à une.
Les bras ont le pouvoir de se régénérer. Sectionnés, ils cicatrisent et repoussent. La force des ventouses a été mesurée en laboratoire.
Une pieuvre commune de 1,3 à 2,5 kg peut tracter une proie de 18 kg !
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| Ses bras ont le pouvoir de se régénérer
Le corps de l'animal est appelé " manteau ". Les tentacules sont au nombre de huit. Chez le mâle, le troisième bras dorsal ou hectocotyle, s'est différencié en organe copulateur.
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La pieuvre : primitive mais intelligente
Adepte des profondeurs, cette étrange créature a révélé une remarquable intelligence.
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Enfermée dans un aquarium transparent, cette pieuvre essaye de s'échapper par un orifice de 8 cm. Elle y parvient en 12 mn en modifiant son corps de 2,50 m d'envergure. Replacée dans les mêmes conditions, il lui faudra seulement une minute pour retrouver le chemin de la sortie.
Montage photo effectué à partir du documentaire "Octopus" diffusé sur Arte
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Métamorphose de la pieuvre
Très attachée à son territoire, la pieuvre vit en solitaire. Elle aime s'installer dans des massifs de coraux et n'en sort que pour chasser. Elle est capable de changer radicalement d'aspect en quelques secondes. Elle peut par exemple se fondre dans son environnement ; son corps s'hérisse alors pour prendre l'apparence d'un rocher.
La pieuvre peut également changer de couleur. Elle peut devenir sombre, du noir au rouge-brun ; claire jusqu'au jaune pâle ou encore réfléchir les couleurs vertes et bleues de son environnement. Cette faculté chromatique est liée à trois types de cellules du derme : les chromatophores, les iridophores et les leucophores.
Les changements de couleur, mais également les altérations de texture, sont contrôlés par le système nerveux.
Techniques de chasse et de fuite
La pieuvre chasse de préférence à la tombée de la nuit ou au lever du jour. Elle se nourrit essentiellement de crustacés et de petits mollusques. Les pieuvres de grande taille n'hésitent pas à s'attaquer à des requins.
Sa technique est simple et toujours identique. Elle repère une proie tout en évoluant tranquillement sur le fond marin. Elle change alors immédiatement de couleur pour devenir invisible. Dès que la proie est à sa portée, elle jette ses huit bras dessus puis ramène son dîner à l'aide de ses ventouses dans son abri.
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| Octopus vulgaris accrochée à son rocher et cherchant à se confondre avec lui .
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La pieuvre chasse à l'affût. |
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Sa bouche est située au centre de ses bras. Elle est dotée d'une musculature qui actionne deux mandibules appelées " bec de perroquet ". C'est à l'aide de ce bec qu'elle déchiquette la victime avant de l'avaler.
Comme le ferait un reptile, elle paralyse sa proie à l'aide d'un poison, le cephalotoxin, et un enzyme aide à la prédigestion.
Il lui faut environ 12 h pour digérer totalement. Elle ne mange que la chair des crustacés et rejette hors de son terrier les débris.
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L'Octopus vulgaris est dotée d'une poche dite " du noir ". Cette poche est commune à la plupart des céphalopodes mais n'a pas été retrouvée sur les espèces des grandes profondeurs. Probablement parce qu'elle n'était plus utile dans le noir total. Cette poche contient une glande qui sécrète de la mélanine. La pieuvre l'utilise, mélangée au mucus, pour envoyer des jets d'encre en cas d'attaque.
La reproduction
Le bras hectocotyle est, chez le mâle, le troisième bras dorsal. L'extrémité de ce bras s'est modifiée en organe copulateur.
Les pieuvres ont une vie assez brève et pour compenser les femelles se dévouent à leurs œufs jusqu'à la mort.
Le cycle de vie de la pieuvre dépend du biotope. Dans les mers tropicales, la reproduction s'effectue toute l'année. Dans les mers tempérées, les femelles pondent uniquement au printemps.
L'espérance de vie varie de 12 à 14 mois pour les femelles à 24 mois pour les mâles.
En guise de parade nuptiale, le mâle exhibe ses ventouses. Il étend ensuite son bras copulateur afin que se déclenche le transfert des gamètes. Le pénis s'avance dans l'entonnoir et expulse des spermatophores qui sont acheminés le long de la gouttière du bras copulateur.
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Dès leur naissance, les petites pieuvres adoptent les comportements typiques de leur espèce pour survivre.
La femelle d''Octopus vulgaris ne se reproduit qu'une fois dans sa vie. Les cordons contiennent chacun 2 000 à 3 000 œufs. Elle peut se libérer de près de 500 000 œufs après 30 jours de ponte.
L'incubation dure entre 4 et 6 semaines. Grâce à tous les soins que la femelle apporte à ses oeufs, le taux de mortalité est inférieur à 10%. Mais, elle paie de sa vie tous ses efforts et meure généralement de dénutrition et d'épuisement dès le début de l'été.
Toutes les espèces n'ont pas le même comportement au moment de la reproduction. Par exemple, Octopus cyanea est connu pour sa parade sexuelle très colorée et le mâle étreint sa partenaire dans ses bras pour s'accoupler. |
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Mythes et réalités
Les hommes ont toujours été fascinés par la pieuvre. Animal mythique, les marins lui attribuaient des capacités extraordinaires et des dimensions gigantesques.
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| Octopus marginatus
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Les légendes scandinaves rapportent qu'il existe au fond des mers un redoutable monstre, le Kraken, dont les multiples bras peuvent faire sombrer un navire.
Toutes les pieuvres ne sont pas grandes.
La pieuvre pygmée du genre Octopus qui vit dans les eaux du Pacifique est minuscule ce qui l'a rend vulnérable face aux prédateurs.
Certaines espèces minuscules ont un manteau dont la longueur ne dépasse pas 13 mm. Octopus joubini est l'une des plus petites pieuvres
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pieuvre en balade
En réalité, la pieuvre, quelle que soit sa taille, est totalement inoffensive et les plongeurs peuvent s'en approcher sans risque.
L'encre noire qu'elle projette lors de sa fuite n'est pas nocive. C'est un écran qui lui sert de diversion et à se dissimuler.
Néanmoins, nous connaissons très mal les grands fonds. Rien ne dit qu'il n'existe pas des pieuvres de tailles gigantesques. Cependant, il est plus probable que les "monstres" repérés par les marins étaient des calmars géants.
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La pieuvre et l'homme
Les pieuvres jouent un rôle essentiel dans l'écologie des fonds marins. Comme d'autres céphalopodes, elles font l'objet d'une pêche intensive. Dans les régions de pêche côtière ou d'ostréiculture, les pieuvres sont considérées comme des fléaux. Certaines épidémies de pieuvres sont restées célèbres. En 1899, les poulpes ont envahi les côtes de la Manche, saccageant les élevages d'huîtres et les bancs de poissons. Ce phénomène s'est reproduit en 1922, 1950 et 1951. Ces épidémies se sont toujours déroulées après un hiver très doux. On pouvait alors dénombrer près de 70 pieuvres sur une distance de 200 mètres, ravageant les populations locales de mollusques et de crustacés.
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Elle fait l'objet d'une pêche intensive.
Si la pieuvre est bien un carnivore actif à l'appétit proportionnel à son poids, sa longévité très courte n'a que peu d'influence sur son environnement. Les populations sont en réalité très fragiles. Un hiver rigoureux peut affecter la reproduction et donc le renouvellement des populations.
De plus, la pieuvre fait l'objet d'une exploitation commerciale à grande échelle. Avec 100 à 200 000 tonnes par an, l'Octopus vulgaris est l'espèce la plus pêchée, notamment par les espagnols et les japonais.
Bien que les populations mondiales soient stables, la vigilance est de rigueur. En effet, la pêche industrielle s'oriente aujourd'hui vers les espèces de grande profondeur dont le cycle de vie est très mal connu.
Classification pieuvre commune: Animalia. Mollusca. Cephalopoda. Octopoda. Incirrina. Octopodidae. Octopodinae. Octopus
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L'Octopus marginatus
Octopus marginatus n'est pas un poulpe comme les autres. Cette petite pieuvre d'environ 15 cm présente des comportements qui en font une exception.
En effet, Octopus marginatus avait déjà surpris les scientifiques en 2005 en adoptant une démarche bipède.
En 2009, le poulpe a démontré qu'il était capable d'utiliser des outils. Cette pieuvre devient donc le premier invertébré capable d'un raisonnement aussi complexe.
Portrait d' Octopus marginatus
Le corps de cette pieuvre mesure environ 8 cm et elle atteint 15 cm avec ses tentacules. Les lignes sombres ramifiées qu'elle arbore rappelant des veines lui ont valu l'appellation anglaise de Veined Octopus. Son autre appellation " Coconut octopus " lui vient de son habitude d'utiliser des noix de coco pour se confectionner un abri.
Elle évolue sur les fonds sableux des baies et lagons d'Indonésie. Elle se nourrit de crevettes, de crabes et de coquillages.
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| Octopus marginatus
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Octopus marginatus et la bipédie
En 2005, des chercheurs à l'université de Berkeley (Californie) avaient eu la surprise de filmer cette pieuvre alors qu'elle fuyait en adoptant une démarche bipède.
De la part d'un invertébré qui possède 8 bras, c'est un véritable exploit. Pour y arriver, le poulpe plie 6 de ses tentacules autour de sa tête et se sert des deux bras restant pour s'enfuir rapidement, une noix de coco sur la tête.
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Pour les prédateurs, le leurre est parfait. Ils ont l'impression de détecter une simple coquille vide qui dérive au gré des courants.
Une autre espèce, originaire d'Australie, utilise la même méthode pour éviter les prédateurs. Il s'agit d' Octopus aculeatus qui a pu être observé dans un aquarium public. Les travaux avaient été publiés dans la revue Science.
Octopus marginatus utilise des outils
Cette pieuvre, filmée dans son environnement naturel, est véritablement exceptionnelle. Elle manipule et porte des coquilles vides de noix de coco sur des distances de plus de 20 m afin de se confectionner un abri. Mais, elle ne se contente pas simplement de les porter. Elle les désensable, les vide, les nettoie en projetant de l'eau à l'intérieur de la coquille puis les transporte. Afin de les transporter, elle pratique la bipédie.
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Octopus marginatus
Cette suite d'actions prouve qu'Octopus marginatus est capable d'avoir un raisonnement très complexe.
Cette pieuvre n'agit pas du tout au hasard ou par simple opportunisme. Peut-être qu'au départ, ce poulpe se contentait-il d'utiliser quelques coquilles pour s'abriter. Avec la présence humaine, ce comportement est devenu beaucoup plus sophistiqué.
Les populations locales rejettent de nombreuses coquilles de noix de coco qui viennent s'échouer sur les fonds marins. Cette profusion de coquilles a modifié le comportement de cette pieuvre qui peu à peu a appris à s'en servir de manière régulière.
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C'est actuellement la seule espèce connue parmi les invertébrés qui est capable d'utiliser des outils.
En observant cette pieuvre, on pense immédiatement au bernard-l'hermite qui utilise toujours une coquille vide pour se protéger.
Cependant, Octopus marginatus fait preuve d'un comportement beaucoup plus complexe. Cette pieuvre ne réutilise pas toujours la même coquille comme le fait le bernard-l'hermite. Elle stocke des coquilles pour de futures utilisations.
Ces différents transports n'ont donc pas pour objectif de se protéger mais bien de stocker.
Ce comportement est unique.
L'observation d' Octopus marginatus a commencé dès 1998 et s'est poursuivie jusqu'en 2008. Les dernières observations ont fait l'objet d'un rapport dans la revue Current Biology de décembre 2009.
Classification: Animalia. Mollusca. Cephalopoda. Octopoda. Octopodidae. Amphioctopus
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